Les déboires d'un mage... ( PV Sonya )

Soren avait réussit à partir du manoir des glaces, protégé par Lloyd, discrètement. Maya, sa corbeau, était resté avec Alta, le corbeau du maître de l'élément bleu. Cela dérangeait un peu le mage de vent, lui habitué à être avec son amie. Qu'importe, il avait besoin de sortir...

Il marcha, à travers les rues, évitant les regards des passants, la tête baissée. Il arriva sur la place du marché, bruyante, agitée, et pleine de vie. Soren resta un moment surpris. Avec la guerre, dehors, et son obligation de devoir éviter tout le monde, c'était la première fois qu'il voyait un spectacle de ce genre. Les vendeurs criaient, pour vendre leur produits, les acheteurs commercaient, pour les acheter moins chers... des voleurs à la tire passaient, volaient, et partaient... des vendeurs à la sauvette vendaient des produits rares, et dangereux... Que d'agitation !

Le mage hésita, puis entra dans cette foule compacte. Il regardait, d'un air blasé tous les stands, et pourtant, en lui, il s'émerveillait. Il arriva à l'autre bout, un coin plus calme, et un membre de l'air de l'extérieur le bouscula.

- Tu peux pas faire attention où tu vas ?!

- C'est vous qui m'avez bousculé, vous n'avez qu'à vous en prendre qu'à vous...

Le mage fut énervé que Soren lui réponde ainsi, et délivra une odeur bien particulière... une odeur de folie... Au milieu des gens, cela n'était pas une bonne idée. L'odeur fonçait vers Soren qui, sentant le danger arriver, fit un courant d'air renvoyant l'odeur aux alentours, et pas sur lui. Mauvaise idée. Les gens autour d'eux devinrent fou, ils se cognaient les uns aux autres, s'énervaient, chantaient, et cela devint rapidement une sorte de baguarre générale. Soren recula, et se fit attraper par le col par le mage en question.

- Tu as vu ce que tu as fait, gringalet ?!

Il le plaqua contre le sol. Soren n'étant pas d'une constitution très résistante, il sentit sa tête lui tourner, quand elle claqua contre le sol.

- Hnn...

- Tu vas le regretter !!

Il leva le poing, pour le frapper. Lui aussi semblait être sous l'emprise de l'odeur. Le courant d'air de Soren avait évacué l'odeur depuis plusieurs secondes, mais elle semblait toujours faire effet.

Soren avait du mal à se reconnecter avec la réalité. Aux coeurs des lueurs, on lui avait bien dit de faire attention physiquement, son corps ne s'étant pas régénéré. Lloyd lui avait encore répété. Et le voilà, qui avait la tête claquée à terre, et.... plus personne sur lui ?

- Ça va, pas de dégâts?

Soren se releva, un peu titubant.

- Non...

Ce fut la seule réponse qu'il pouvait dire. Un autre courant d'air sortit de son corps, et arrêta les combats autour d'eux, aérant les esprits des gens autour d'eux. Ces derniers, encore confus, s'éloignèrent pour rentrer chez eux.

- Je... crois que ça va...

Il leva ses yeux vermillon vers Sonya, se massant la tête. Elle avait une aura différente des gens qu'il avait l'habitude de rencontrer. Oh, pas qu'il sentait les aura, mais il avait une sorte d'instinct qui lui permettait de savoir à peu près s'il devait rester sur ses gardes ou non. Il vit le chat et l'enfant s'approcher. Ce fut une des dernières choses qu'il vit.

- Enfin... je crois...

Il vacilla un peu plus fort, visiblement cette fois ci, et s'accrocha au mur. Avoir un coup, et utiliser son energie ainsi, n'était pas bon pour sa constitution. Il se maudissait d'avoir voyagé 3 jours, sans manger, en buvant quasiment rien, et ne dormant pas pour venir ici, alors qu'il ne lui arrivait que des ennuis. Il serra les points, et son don pour mieux voir s'activa. Grossière erreur. Cela provoqua une carrence d'énergie à Soren qui s'effondra au sol. Toujours éveillé, certes, mais incapable de se remettre droit.

Soren regarda la femme, qui le tenait, d'un air un peu hésitant, méfiant. Mais il n'avait pas le choix, il devait lui faire confiance. Et puis, avec un enfant à charge, cette femme ne devait pas être violente... du moins pensait-il. Et du moins pas envers lui. L'espérait-il.

Il la laissa faire et parler. Quand elle lui posa la question, il fut bloqué par le "monsieur". Il regarda ailleurs, un peu gêné, puis la regarda de nouveau.

- Hier.

Bon, oui, trois bouchée de pain, et deux ou trois raisins, ça ne remplissait pas un estomac qui avait une carrence de 3 jours, certes, mais Soren ne mentait pas. Elle lui avait demandé "manger" pas "manger correctement".

- Qui... êtes vous ? Pourquoi m'aidez vous ?

A vrai dire, il craignait un peu les réponses, surtout pour la seconde. Jamais il n'avait encore eut l'occasion de voir quelqu'un qui aidait spontannément les gens sauf si... Il reparla, juste après avoir fini de parler :

- Vous êtes médecin, n'est-ce pas ?

Soren n'aurait sû dire s'il était rassuré ou non. A part la veille, avec son bref passage au coeur des lueurs, il n'avait jamais rencontré de médecins qui aidaient à 100% les gens, sans rien demander en retour. Il en avait eut l'expérience, en dehors de la cité, plus jeune. "C'est la guerre", comme ils disent. Mais ça, Soren préférait ne pas y penser, et se concentrer, plutôt, sur la femme en face de lui. Il descendit ensuite les yeux, et regarda le chat, puis les remonta un peu, et regarda l'enfant. Il détourna ses yeux couleur sang rapidement, sachant que les enfants, en général, ne les appréciaient que peu.

Un chat qui parle, une intendante de cercle, et un médecin... et surtout, un garçon, qui semblait fasciné par ses yeux... cela ne mit pas forcément le jeune mage en confiance. Il semblait réservé, sur ses gardes, tel un animal blessé qui fixait son sauveur, se demandant ce qu'il allait lui demander, et s'il n'allait pas l'achever...

- Je m'appelle Soren... Juste Soren.

Il évita les yeux du chat, perturbé.

- J'ai eut... quelques problèmes de santé, ces jours ci...

Soren toucha son ventre, un peu trop maigre, et regarda Sonya, quelque peu apeuré.

- Mais ça ira, ne vous en faîtes pas, je vais bien, juste...

Il vit un peu trop bien, puis plus rien du tout. Une sorte de petit vent sortit de ses mains.

*zut... !*

Il inspira profondément, et se reprit, doucement, sous peine de manquer atrocement d'énergie. Il ne voulait pas être redevable à Sonya. Qui sait ce qu'elle pourrait lui demander... ou pire, lui faire... il frissonna, se souvenant de deux ou trois médecins, de l'extérieur de la cité, qui ne lui voulait pas forcément du bien...

- Excusez moi, je ne me sens pas très bien...

Son regard tomba sur Théo. Les yeux de l'enfant le mirent à l'aise, il sembla se détendre, et se permit même un petit sourire, et lui répondit.

- Mes yeux sont comme ça depuis ma naissance... Et ne t'inquiètes pas, ça ne me gêne pas...

Oui, cet enfant le mettait en confiance. Par contre le chat, c'était le pire des trois. Il le regarda, brièvement, et détourna de nouveau le regard, stressé.